UN JARDIN CHINOIS À RENNES
Le jardin chinois de Maurepas 济南花园
Un projet de la Fabrique Citoyenne porté par le Comité de jumelage Rennes-Jinan et les Agi’Thés
Présentation
Au sein du parc de Maurepas se dressera prochainement un jardin traditionnel chinois de 5000 m2. Cependant, construire ce somptueux jardin n’est pas une mince affaire, autant pour des raisons techniques que financières. Remontons à travers le temps, pour vous faire découvrir l’histoire de ce futur paysage tout droit sorti de la Chine traditionnelle.
L’association Des hommes et des arbres, chargée du chantier des « fabriques » (l’ensemble des structures architecturales : porte est, porte sud, pavillon), avec François Beau comme charpentier chef de chantier, tient un blog de l’avancée des travaux : https://jardinchinoisrennes.fr/
L’essence du jardin chinois
Les premiers jardins impériaux chinois datent de la dynastie des Zhou et remontent à plus de 3 000 ans. Depuis, les jardins privés comme publics ont essaimé à travers la Chine, avec différents styles du nord au sud. Dans la Chine d’aujourd’hui, toutes les villes possèdent de nombreux jardins publics, qui sont des lieux de divertissement et de contemplation, où nature et culture sont étroitement imbriquées. Les habitants du quartier s’y rendent pour y pratiquer toutes sortes d’activités, de la musique au sport, de la calligraphie à la méditation. Les jardins comportent plusieurs éléments, tout aussi importants les uns que les autres : l’eau, la végétation et les éléments bâtis s’associent pour construire de véritables havres de paix. Ainsi, ils recomposent une nature artificielle, articulée de façon à ce qu’elle s’harmonise avec l’architecture du parc.
Pourquoi un jardin chinois à Rennes ?
En 2009, le comité de jumelage Rennes-Jinan s’inspire du kiosque du parc du Thabor pour en proposer une réplique aux partenaires de Jinan, en Chine. Naturellement, l’idée d’imaginer un jardin chinois en plein cœur de Rennes est née. “Notre idée était de faire créer par les Chinois, en échange, un jardin pour Rennes, qui respecterait toutes les règles classiques chinoises du jardin » indique Philippe Échard, président du comité. Seulement, “nous n’étions pas prêts à l’époque et surtout le financement était un grand point d’interrogation”.
En 2018, le projet se concrétise : 483 votes d’habitants lors de la Fabrique citoyenne valident l’initiative portée par le Comité de jumelage Rennes-Jinan et l’association Les Agi’Thés.
C’est finalement en octobre, lors de la venue d’une délégation chinoise du Bureau des jardins de la ville de Jinan que tout démarre : à l’issue d’une visite approfondie du site, quelques coups de crayon permettent aux spécialistes d’élaborer un plan détaillé qui est proposé à la Maire de Rennes à peine deux mois plus tard. Et ainsi, en 2019, le premier coup de pioche est donné.
La faune et la flore à la façon chinoise
Le parc de Maurepas avait, lui, grand besoin d’une rénovation, son circuit d’eau étant vieillissant. Le jardin chinois offre l’occasion de le rénover entièrement : bassins et canaux sont agrandis et creusés sur une profondeur de 80 cm, ce qui permet d’introduire des plantes aquatiques comme le lotus et des carpes, sans qu’elles soient décimées par les hérons (!).
Le tout est dominé par une cascade chutant d’une montagne artificielle. “Plutôt un monticule qui culmine à 5 m”, précise Bertrand Martin, responsable du service d’exploitation à la direction des jardins et de la biodiversité. La difficulté est de trouver la bonne pierre, celle qui va trouver une assise irréprochable et qui s’intégrera harmonieusement à l’ensemble, pour la bonne tenue de l’ouvrage dans le temps. L’eau de la cascade se jette dans le bassin, puis dans les canaux qui serpentent le jardin, ornés de petits ponts.
En parallèle sont entamées les plantations dans la partie sud. Ces plantations concernent une clôture de bambous, des pivoines arbustives et des lotus.
Toutes les plantes du jardin sont originaires de Chine. Car il faut bien se rendre compte de l’abondance de plantes qu’il existe en Chine (ce n’est pas limité au bambou). Voici un petit échantillon de la diversité des plantes qui seront plantées dans le jardin.
Une centaine de théiers, en provenance de la pépinière bretonne Kerisnel de Saint Pol de Léon, sont plantés à l’arrière de la cascade. En Bretagne, le thé trouve une terre riche dont les matériaux organiques bénéficient à son développement. De plus, ce n’est pas une plante envahissante ; taillé, le théier conservera une forme buissonnante.
Finalement, il est important de souligner que tous ces travaux ont pu être réalisés dans le respect de l’environnement déjà existant, puisqu’aucun arbre n’a été abattu.
L’architecture, le respect d’un symbole
L’architecture vient ensuite s’imbriquer avec la nature. Une architecture traditionnelle et très symbolique aux yeux des Chinois : les matériaux choisis pour la porte ronde dite “porte de lune” ; la forme des fenêtres découpées dans le mur d’enceinte ; les couleurs des tuiles et les formes décoratives…. Pour toutes ces questions, Bertrand Martin confie ”Nous demandons l’aide de nos confrères de Jinan pour nous indiquer quels choix opérer”.
Une enceinte traditionnelle est construite, dans le but de recréer le calme des jardins chinois. De ses 50 m de longueur, il est réalisé avec un maçonnage en bauge (un mortier fait de terre grasse et de paille).
Le pavillon sera un des endroits clés du site. Il ouvrira sur un bassin et son petit ponton. Cependant, il réside une difficulté dans la réalisation de sa charpente. « Les techniques chinoises et françaises, notamment au niveau de l’assemblage, sont très différentes ». Quoiqu’il en soit, pour sa réalisation, le choix s’est porté sur un bois hyperlocal : « il provient du parc des Gayeulles où sont effectuées des éclaircies ciblées ».
Pour couvrir le pavillon, une toiture très traditionnelle a été choisie.
Cette toiture est construite grâce à des tuiles spécifiques. Il existe en Chine une multitude de tuiles différentes. Les formes, les motifs, les couleurs, la symbolique… la richesse n’est en rien comparable à celle que nous possédons en France.
Ici un petit échantillon des différentes tuiles existantes :
板瓦 : Banwa, les tuiles plates ou les tuiles de base
滴水 : Dishui, les tuiles de goutte
筒瓦 : Tongwa, les tuiles rondes
沟头 : Goutou, les tuiles de tête
当沟 : Danggou, les tuiles de bouchage
三星脊 : Sanxingji, les tuiles de crête de toit
La couverture sera, d’ailleurs, la seule chose de ce parc qui ne sera pas locale. “Nous travaillons en lien étroit avec nos partenaires de Jinan pour opérer le meilleur choix possible mais aussi pour le reste, ne serait-ce que pour valider les choix esthétiques et techniques.”
L’ouverture au public est prévue pour le printemps 2023, mais le public peut suivre l’avancée des travaux directement sur place.
Saint-Jacut-les-Pins, Tropical parc.
Parc Yili, Saint-Rémy-l’Honoré
Le jardin chinois de Marseille.
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