THE WORLD PARK
une exposition de Beijing Silvermine
The World park 北京世界公园
une sélection de photographies du projet Beijing Silvermine de Thomas Sauvin
quand : du 1er octobre au 4 décembre 2021
où : Institut Confucius de Bretagne, 17 rue de Brest, 35000 Rennes
the world park 世界公园
« Faire le tour du monde, quelle merveilleuse idée ! Mais pour de nombreuses raisons, peu de gens peuvent se l’offrir, et ce voyage demeure un rêve inaccompli pour beaucoup. Mais les choses changent et vous êtes invité au Beijing World Park ! Ici, vous pourrez faire le tour du monde en un jour seulement, le rêve devient maintenant réalité ! »
C’est sur ce texte prometteur que s’ouvre le catalogue du « Beijing World Park » inauguré en grande pompe le 25 novembre 1993 par le premier ministre Li Peng. A l’heure où la Chine s’ouvre, ce parc à thème offre à ses visiteurs une expérience inédite du tourisme. Avec plus de cent reproductions miniatures des grands monuments du monde, il propose au visiteur, qui s’initie timidement aux loisirs, un voyage fictif où les pyramides de Gizeh et Notre-Dame-de-Paris se côtoient dans le giron rassurant d’un espace national.
Construit en l’espace de 18 mois par l’Institut d’ingénierie civile et d’architecture de la ville de Pékin pour un investissement public de 150 millions de RMB [environ 20 millions d’euros à l’époque] sur plus de 45 hectares, le parc témoigne de l’engouement pour l’étranger qui domine les années de « l’ouverture et de réforme » initiées par Deng Xiaoping, et coïncide merveilleusement avec l’âge d’or de la photographie argentique populaire. En l’espace de six mois, 3.7 millions de Chinois visitent le parc souvent munis d’un appareil photo. Les milliers de clichés réalisés par ces apprentis touristes donnent à voir des scènes insolites où des symboles mondiaux d’architecture sont réduits à des échelles improbables, ils révèlent l’enthousiasme des visiteurs pour ces représentations d’un ailleurs devenu accessible.
Quelques milliers de ces images se dissimulent dans Beijing Silvermine, l’archive de l’artiste et collectionneur français Thomas Sauvin.
Le parc a servi de décor principal au film de Jia Zhang-Ke sorti en 2005 avec Zhao Tao, The World. Il est toujours ouvert aujourd’hui, et de nombreux couples viennent y faire leurs photos de mariage.
Beijing Silvermine 北京银矿 – Thomas Sauvin
Ce projet d’archives photographiques « vernaculaires » dresse un portrait de la vie chinoise entre 1985 et 2005 à travers plus de 850 000 négatifs sauvés de la destruction et récupérés dans les décharges de la capitale chinoise. Depuis 2009, Thomas Sauvin, à l’initiative de ce projet, a racheté des négatifs de photographies argentiques au kilo. Sauvés car, récupérés par les recycleurs, ils étaient destinés à être plongés dans des bains d’acide afin d’en extraire le précieux nitrate d’argent qu’ils contiennent.
Le projet Beijing Silvermine est donc une entreprise de sauvetage, mais surtout d’édition et de mise en valeur d’un patrimoine mémoriel qui coïncide avec la diffusion massive de la photographie argentique à partir du milieu des années 1980 jusqu’à ce qu’elle soit supplantée par le numérique au tournant des années 2000. Cela correspond aussi à la période dite « d’ouverture et de réforme » lancée par Deng Xiaoping à la fin des années 1970, c’est-à-dire une libéralisation de l’économie, une internationalisation des échanges et l’accession aux premiers plaisirs de la société de consommation et de loisirs.
Spontanées autant que formelles, prises dans la famille, lors d’un dîner de travail ou avec les amis, ces photographies reproduisent à l’infini les situations archétypiques d’un habitus particulièrement populaire. Mais ces archives de la mémoire contemporaine évoluent sans cesse, par les regroupements thématiques infinis qu’elles suggèrent, par la matière visuelle qu’elles offrent à la réappropriation, par le regard qu’elles portent sur la mémoire collective de ce passé récent.
Thomas Sauvin a été récompensé au Lianzhou Photo Festival de 2013 avec le prix de l’exposition de l’année, son travail a été montré au Musée de la photographie contemporaine de Chicago, à l’Académie centrale des Beaux-arts de Pékin, au Musée d’art du Guangdong, et un peu partout dans le monde. Plus de 10 livres de photos ont été édités, et la « mine d’argent » est entrée dans les collections de la TATE, du Victoria & Albert museum, de la Bibliothèque Nationale de France et du Centre Pompidou.
Le projet a donné lieu à de nombreuses collaborations avec des artistes, des urbanistes, des sociologues… mais aussi à de nombreux échanges avec les acteurs de ces archives eux-mêmes, qui en se retrouvant sur ces photos oubliées, eux ou leurs proches, ont renoué avec un passé pourtant pas si lointain, alors que le pays est engagé dans une course vers l’avenir.
Un article pour en savoir plus sur le travail de Thomas Sauvin ou encore un reportage vidéo
Silvermine Studio 34 rue Saint-Dominique 75007 Paris
beijingsilvermine@gmail.com
www.beijingsilvermine.com
Instagram : beijing_silvermine
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