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L’enseignement supérieur en Chine : une modernisation inscrite dans la tradition ?

Depuis quarante ans, et surtout depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la Chine déploie une stratégie de développement par l’innovation et l’éducation. L’ambition : faire du pays une superpuissance scientifique. Les réformes ont donné une visibilité mondiale inédite à quelques marques (Tsinghua, Beida, Fudan, Jiaotong) mais elles ont aussi conduit à la mise en place d’un système universitaire à deux vitesses, dont la qualité et l’attractivité posent encore question.

La Chine du XXIe siècle se présente sur la scène internationale comme une nation puissante, mais aussi comme un modèle de savoir ouvrant un chemin de modernisation qui lui est propre, alternatif aux propositions du monde occidental. C’est à travers le prisme de cette ambition qu’il faut comprendre les évolutions de l’enseignement supérieur et de la recherche chinois ces dernières décennies.

La méthode actuelle n’est pas nouvelle. Historiquement, le système d’enseignement supérieur chinois moderne s’est construit sur la base de savoirs et modèles importés de l’étranger (des experts–missionnaires chrétiens du XVIe siècle aux experts soviétiques des premières années 1950). Aujourd’hui les migrations scientifiques se dirigent encore vers les États-Unis, qui se sont imposés dans les années 1980 comme référence de la modernité et de la « world class university ». A l’ère des classements et de la recomposition des équilibres géopolitiques, la relation avec les modèles étrangers est cependant plus ambivalente que jamais.

Alessia Lo Porto Lefébure (PhD) est sociologue, spécialiste des réformes des systèmes universitaires à travers le monde. Italienne de naissance, naturalisée française, elle est arrivée à Rennes en juillet 2017 pour rejoindre l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP), dont elle est directrice adjointe, en charge des études. Elle vient de l’Université de Columbia, à New York, où elle a dirigé pendant plus de 6 ans le programme Alliance, incubateur multilatéral et international d’innovation dans la recherche et la formation. Elle enseigne aujourd’hui les politiques publiques comparées à l’IEP de Rennes après avoir été professeure associée à l’Université de Columbia, à l’Université Tsinghua à Pékin et à Sciences Po (Paris). Entre 2001 et 2006 elle a vécu avec sa famille à Pékin où elle a ouvert pour Sciences Po le premier bureau de représentation à l’étranger et a négocié les premiers double-diplômes avec Fudan, Tsinghua et l’université de Pékin. Diplômée de Sciences Po et de la LUISS (Rome), docteur en sociologie et experte internationalement reconnue dans le développement et l’éducation, elle mène ses recherches dans l’UMR Arènes et au CSO-Centre de Sociologie des Organisations. Elle est membre de nombreux comités de lecture et boards internationaux, dont le conseil d’administration de la Fondation Croix-Rouge française. Elle est l’auteure de l’ouvrage « Les Mandarins 2.0. Une bureaucratie chinoise formée à l’américaine » paru aux Presses de Sciences Po en 2020.

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