Architectures

« Comment raviver les souvenirs de l’enfance ? Je connais une méthode très simple pour cela : revenez dans les endroits où vous avez vécu enfant, que ce soit à la ville ou à la campagne, pénétrez dans la maison où vous habitiez alors, vos souvenirs d’enfance se réactivent, les jours d’avant prennent vie sous vos yeux. C’est cela qu’on appelle « revivre son passé ». Imaginez un instant que vous reveniez dans cet environnement familier, mais soudain vous vous rendez compte que les choses sont là mais pas les gens, que tous les vieux bâtiments ont été supprimés, que tout l’environnement a changé d’aspect et paraît comme neuf, que ça ne colle pas avec vos souvenirs. Vous seriez désorienté, parce qu’en fait ce souvenir aura simplement disparu.

Nous avons commencé à photographier la série « Architectures » car c’est la plus commune des productions humaines.

Du fait de la politique de la « construction de la modernité », nous avons traversé des destructions et reconstructions à grande échelle. Par exemple, en à peine vingt ans, la crèche où j’ai grandi s’est déjà transformée en parking automobile ripoliné, mon école et même mon collège n’existent déjà plus. Ils sont désormais des buildings ou des tas de ruines. Toutes ces constructions qui ne sont ni « belles » ni « utiles » n’ont cessé d’être abattues pour être remplacées par des constructions modernes, et même les constructions qui avaient une valeur historique ne furent pas épargnées.

Toutes ces bâtisses que nous avons photographiées sont une toute petite partie de ce qui a été écarté ou abandonné par la « construction de la modernité ». De cette façon elles sont en même temps ce qui a survécu, et portent ainsi la charge de la mémoire.

Avec cette série « Architectures », nous essayons, dans un mouvement d’agrandissement, d’aider ces bâtiments à transmettre leur mémoire. »

Wang Sibo et DIng Jingxuan, deux jeunes photographes, nous livrent leur regard sur la transformation urbaine des vingt dernières années en scrutant le bâti des lieux où ils ont grandi.

> vernissage le mercredi 3 avril à 18h30